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HONDO AIR BASE, TEXAS

ECOLE DE DEBUT

PREMIER SOLO SUR T 6 G ET

ANECDOTES SUR LA VIE AU TEXAS

 

1°- PREMIER SOLO SUR T 6 G :

Deux camarades viennent d'être lâchés sur T 6 G.

Ils ont droit à l'arrosage à l'Américaine. Ligotés au poteau de torture et copieusement arrosés au jet d'eau sous les regards goguenards de ceux qui y sont déjà passés. Celui de droite est mon copain " Pinky " PINKERTON qui a l'honneur de voler, lui aussi avec Mister KOTOWSKI.

Ce lâché sur T 6 G avait une grosse importance. Comme nous l'avait annoncé notre instructeur, " Aujourd'hui, on sépare les hommes des enfants ! ". Ceux qui n'étaient pas lâchés étaient virés.

J'ai eu droit au traditionnel " J'en ai marre de risquer ma peau avec vous. Allez donc vous tuer tout seul et n'oubliez pas de m'apporter une bouteille de CANADIAN CLUB ".

C'était impressionnant de se retrouver tout seul dans cet énorme engin et très exaltant. Le roi n'était pas mon cousin.

Enfin, je pilotais seul un vrai avion qui avait un petit air d'avion de guerre et non une poubelle d'aéro club. Je planais à 20 centimètres au dessus du siège.

Je voyais se rapprocher ma chance de partir en INDOCHINE comme Pilote de chasse dans 14 ou 15 mois car je comptais me porter volontaire dès ma sortie d'école. J'étais né trop tard pour faire la guerre de 39/45 alors pas question que je loupe l'INDO.

Le week-end suivant fut consacré à d'interminables beuveries que je n'appréciais pas trop car je ne buvais pas et j'étais sûr d'être malade après 3 verres mais il faut ce qu'il faut. Chacun racontait son solo. C'était aussi épique que l'Illiade et l'Odyssée. Pire que les histoires de pêcheur à la mouche. Bref, nous étions tous des Héros, chacun faisant semblant de croire les histoires des autres tout en étant persuadé qu'il était le meilleur.

Il faut bien dire que la modestie n'a jamais été considérée comme une qualité chez les Pilotes de chasse passés, présents et à venir et qu'une Escadrille est une société d'admiration mutuelle ou chacun essaye, en douce, d'être meilleur que les autres.

ANECDOTES SUR LA VIE AU TEXAS :

HONDO était une très petite ville sans grande distraction.

En plus c'était une " Dry town " ( Ville sèche ), c'est à dire que toutes les vieilles filles du coin et les nanas dites frustrées, qui étaient nombreuses, avaient réussi à faire voter par le Conseil Municipal l'interdiction de vendre de l'alcool, sauf en pharmacie et sur ordonnance médicale.

Résultat, toute la population mâle âgée de plus de 14 ans émigrait le Samedi soir pour se saouler la gueule copieusement à SAN ANTONIO et ne rentrait que le Dimanche tard dans la nuit.

Ce qui laissait le champ libre aux copains désireux de consoler toutes ces malheureuses délaissées et il y avait un certain nombre de fines braguettes dans la promo.

Les Français étaient très demandés car ces dames, bien que puritaines, rêvaient toutes de ce fameux " French kiss " ( Cunnilingus ) et de tous ces horribles outrages, si délicieux, auxquels les Français avaient la réputation de se livrer sur de pauvres vierges Américaines. " Quelle horreur, ma chère ! Quoi, pardon, répétez je n'ai pas bien entendu ! ".

Il y avait un vieux militaire dans la promo, Sergent-Chef de son état, qui avait fait un séjour en INDOCHINE, avait 4 ou 5 ans de plus que nous, était grand amateur de bons gueuletons, d'alcool, de blagues plus que grivoises et de femmes faciles, qui avait décidé de se charger de notre éducation et qui jouissait d'un grand prestige parmi nous tant pour son ancienneté dans le métier des armes que parce qu'il avait été à la guerre. Nous l'avions surnommé affectueusement " Papa ". C'était inénarrable. je le cite avec mes excuses aux pudiques et chastes oreilles des Dames.

" Tu comprends, petit, toutes ces nanas sont mal baisées. Alors tu commences par une bonne descente à la cave ( Le cunnilingus ci-dessus ) et tu poursuis par un bon graissage de pont arrière. L'ennui, avec les Ricaines, c'est qu'après il faut leur faire une séance de psychanalyse car elles ont des remords. Moi, ça m'emmerde alors quand elles me demandent - Qu'est-ce que tu vas penser de moi ? - je leur réponds - Que t'es une belle salope comme toutes les autres - ou je laisse une pièce de 10 cents ( 35 centimes à l'époque ) sur la table de nuit en disant - C'était pas mal, je reviendrai - Evidemment, il faut te placer devant une porte ouverte sinon tu te ramasses de la vaisselle et du mobilier sur la gueule ".

Il concluait par " Un bon conseil, mes petits. En amour il y en a toujours un qui souffre, alors autant que ce soit elle ".

Ah ! Qu'en termes choisis ces choses là sont dites !

Le prototype du vrai Gentleman ! Qu'il définissait, d'ailleurs, comme un homme qui se découvre avant de frapper une femme.

Nous étions choqués en l'écoutant car nous n'avions jamais imaginé nos relations avec les Dames sous un aspect aussi bestial, bien au contraire, mais il était difficile de ne pas rire devant un tel cynisme d'autant qu'il devait en raconter bien plus qu'il n'en faisait. Il était ce que nous appelions " Un sacré boiraud " ce qui n'était pas précisément un compliment mais nous l'excusions en nous disant que la guerre lui avait laissé des traces.

Je l'ai retrouvé à ORAN, en 1959, pendant la Pacification en ALGERIE ( C'était le terme officiel ). Il était marié, 3 enfants et filait doux, tout doux, devant un petit bout de femme haute comme trois pommes à genoux. J'étais plié de rire, intérieurement.

En ce qui me concerne, les 2 ou 3 fois ou j'ai eu le temps de sortir avec une fille ce fut avec une Mexicaine qui passait son temps à m'expliquer combien je ressemblais à son acteur préféré, un certain Louis JOURDAN. Elle était très gentille et n'avait pas d'états d'âme compliqués. La première fois, j'ai été surpris de voir cette gentille damoiselle tourner le crucifix et la statuette de la Vierge Marie, qui ornaient sa chambre, face au mur. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a expliqué, les yeux baissés et toute rougissante, qu'on ne pouvait pas faire des choses pareilles sous leurs yeux. Il fallait y penser ! Comme ça, au moins, je savais où j'allais. Il n'y avait pas d'ambiguité.

Une bonne petite confession le lendemain, 2 Pater et 10 Avé Maria, et elle était fin prête à recommencer la conscience tranquille. Autres pays, autres moeurs !

Au niveau de la boisson les Ricains buvaient pour se saouler.

Un verre en carton, une bouteille de whisky et ils s'enfilaient verre sur verre, comme on prend une médecine amère, jusqu'à ce qu'ils soient ronds comme un manche de pioche. Ce n'est pas comme chez nous ou l'ivresse n'est pas préméditée mais le résultat de longues palabres qui donnent soif.

J'avais un " ROOM MATE " ( Camarade de chambrée ) qui possédait une grosse thermos de 5 à 6 litres. Tous les vendredis soir il la remplissait de 3 bouteilles de whiskey, complètait le plein avec des glaçons, s'allongeait sur son lit complètement à poil, le tuyau en caoutchouc de la glacière entre les dents, et émergeait le Lundi matin en me disant " J'ai passé un sacré bon week-end ". A ce régime il a dû voir des éléphants roses faire de l'équilibre sur les fils électriques avant d'avoir 30 ans.

Il faut dire, qu'en semaine, dans l'US AIR FORCE, on ne buvait que du lait et des jus de fruits.

Comme nous étions, paraît-il, de futurs officiers, on nous apprenait les bonnes manières et, deux ou trois fois, nous avons eu droit à des soirées avec des étudiantes chaperonnées par leurs professeurs. Il fallait les faire danser ( J'ai horreur de ça ), leur faire la conversation et, surtout, ne pas y toucher les chaperons étant omniprésents. Très frustrants pour des gamins de 18 à 20 ans, sevrés de présence féminine, d'autant que les Ricaines flirtaient outrageusement mais, comme nous l'expliquaient les copains Américains " Avec elles, c'est le pipi dans la main, la main dans le pipi mais jamais le pipi dans le pipi ".

Un Vendredi soir trois de mes copains Ricains m'invitent à sortir avec eux pour draguer des filles. On descend en ville en voiture, on tourne en rond et, au bout de 20 minutes je m'aperçois que nous suivons une voiture pleine de filles qui nous font des signaux par la vitre arrière et les portières. Je me dis, c'est bien parti. Pas du tout, après trois quarts d'heure à tourner à droite autour du même paté de maison, la voiture de ces demoiselles a viré à gauche et nous, nous sommes rentrés à la base. Les Ricains me prenaient à témoin de la bonne soirée que nous avions passée. C'est sûr qu'en s'y prenant comme ça ils ne risquaient pas d'attraper une MST !

Nous avions droit, une fois par mois à une " FREE BEER PARTY ". Je suis allé voir ça une fois. C'était affligeant pour un Français. Les Ricains étaient assis autour de grandes tables rondes, pour 10 ou 12 personnes, avec un tonnelet de bière au milieu et tout le monde buvait, aussi rapidement que possible, sans dire un mot. De temps à autres un gars se levait pour aller vomir et reprenait illico sa place pour continuer à boire jusqu'à ce qu'il tombe de sa chaise. Mortel !

Il n'y avait que les BELGES pour apprécier ces séances. Je n'ai jamais vu des gars descendre autant de bière que les BELGIUMS.

Une de leur distraction préférée, le week-end, était de se mettre à 4 autour d'une table de bistrot et de faire une pyramide avec les boîtes de bière qu'ils avaient vidées. Pyramide pleine, évidemment.

Je me souviens, qu'un soir, en rentrant du cinéma, je vis à une soixantaine de mètres de moi, dans la pénombre, une sorte de très gros chien qui déambulait péniblement sur le trottoir. En me rapprochant, je constatais que c'était un BELGE de ma promo qui était plein comme une outre et marchait à quatre pattes. J'en fus quitte pour chercher un taxi pour le ramener à la base.

Il faut dire que la BELGIUM AIR FORCE les prenait à 16 ans alors, avec de l'entraînement, vers 25 ans, on devait les ravitailler en bière avec des camions citernes.

Ce doit être pour eux qu'on a pondu la célèbre note professionnelle suivante " Excellent Pilote mais consomme plus que son avion ".

Bref, c'était extrêmement intéressant de connaître les us et coutumes des uns et des autres et il faut dire que les Américains, au moins à cette époque, étaient très attachants par leur gentillesse, leur serviabilité et leur générosité sans limite. Il était pratiquement impossible de faire plus de 50 mètres à pieds sur une route. La première voiture qui passait s'arrêtait " Do you want a ride ? " ( Je peux vous déposez quelque part ? ) et le conducteur n'hésitait pas à se dérouter de 50 ou 60 kilomètres, le cas échéant, pour vous amener à votre destination sans rien accepter d'autre qu'une bière au saloon du coin.

Les saloons, c'était très amusant. Les TEXANS adoraient se déguiser en cowboy. Il y avait des saloons spécialisés ou les gars arrivaient harnachés comme lors de la conquête de l'Ouest, 6 coups à la ceinture, pas rasés depuis 3 jours et commandaient, d'une voix de rogomme " Give me a cow juice, please, m'am " ( Donnez-moi un jus de vache S.V.P ).

Le nec plus ultra était de rouler ses cigarettes d'une seule main, le paquet de DUNHILL entre les dents puis d'enflammer l'allumette sur l'ongle du pouce ou sur les dents de devant. Certains chiquaient et s'entraînaient des heures et des heures à cracher dans les " SPITOONS ", ces crachoirs de cuivre à base sphérique surmontée d'un entonnoir.

Le comble du chic était de cracher, à 4 ou 5 mètres de distance, sans regarder le crachoir, du coin des lèvres et sans s'arrêter de parler. Le crachoir faisait cling et se balançait sur sa base. Evidemment, tout le monde n'y arrivait pas et il valait mieux éviter de marcher dans un rayon de 2 mètres autour du crachoir car c'était plutôt glissant.

A vrai dire, ce n'est pas plus ridicule que nos groupes folkloriques. C'est le folklore TEXAN.

Je pourrais écrire un bouquin de 200 pages sur ce que j'ai vu là-bas mais ce serait lassant pour les lecteurs alors je vais passer à autre chose.

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