Page 44

DEFENSE AERIENNE DU TERRITOIRE

12° ESCADRE DE CHASSE

ESCADRON 2/12 " PICARDIE "

ESCADRILLE DES PERROQUETS

ACCUEIL AU 2/12 ( Suite )

MON LACHER SUR OURAGAN

 

LA PATROUILLE DE FRANCE SUR MD 450 OURAGAN, EN 1954.

Un peu plus tard, on m'annonce que je décolle pour mon premier vol, dans 1 heure. Les Anciens ne sont pas sympas, personne ne me parle. A croire que je suis de trop.

J'entame une course à l'échalotte pour percevoir ma combinaison anti-g, mon casque, mon masque à oxygène, mon parachute, mes bottes de vol, mes gants et mon poignard miniature " Crève-Dingy " car celui-ci a, parfois, la facheuse habitude de se gonfler en vol, paralysant le pilote dans le dos duquel il est placé. Dès le premier signe de gonflage il faut saisir le poignard et piquer dedans pour le trouer. Le pébroc se trouve sous les fesses.

En plus, il faut régler tout ce bazard à ma taille.

Ceci fait, il me reste 40 minutes et je fonce sur un Ancien pour demander le Manuel Pilote de l'Ouragan et la checklist. Réponse " T'es pilote, non ? Alors, démerde-toi ! ". Ils sont fous, ces Français ! Les Ricains se tireraient des balles s'ils voyaient ça..............................

Je cours voir les mécanos pour me faire briefer sur le taxi.

Eux sont très sympas et m'expliquent. Ils me font un amphi-cabine pour que je me retrouve un peu dans tout le bins des instruments, manettes, etc. Evidemment, au niveau de la vitesse d'approche finale, ils me donnent des chiffres, mais sous toutes réserves.

L'heure arrive, je grimpe dans l'engin, à moitié rassuré car je ne sais même pas le mettre en route. Le mécano me montre comment faire et me met les 2 postes VHF en route sur les bonnes fréquences.

Je fais les actions vitales classiques, sans trop savoir s'il n'y en a pas de particulières à la machine, puis je roule et j'arrive au point de manoeuvre. Actions vitales " supposées " avant le décollage et la tour m'autorise à m'aligner et à décoller.

J'ai à peine roulé 200 mètres que la tour m'ordonne d'annuler mon décollage et de retourner au parking.

" Font chier ! Bordel ! ". Il y a 5 semaines que je n'ai pas volé et maintenant que je suis parti, pas question que je m'arrête.

Je demande qu'on me répète, j'annonce que je ne comprends pas et je me retrouve en l'air, avec 4 GLOSTER METEOR qui m'arrivent droit entre les deux yeux, à la vitesse grand V. Du coup, je vois rouge et je fonce droit sur le leader en me disant " BANZAI ! Je vais te faire dégager, Ducon ! ".

Les 4 taxis passent tout près : Un à gauche, un à droite, un dessous et le leader qui se débrouille pour dégager au-dessus.

Le GLOSTER METEOR, premier avion à réaction Anglais.

Tout ça n'a pas pris 10 secondes. Le temps que je me calme, car depuis ce matin je subis avanie sur avanie, je suis à 5000 pieds et je me rends compte que j'ai oublié de rentrer le train.

La Tour me corne dans les oreilles que je dois me poser immédiatement et je lui répond de temps à autre " Cambrai Tour, je vous reçois 1/5 ( Très faiblement ), répétez. ". On joue à ça pendant 10 minutes avant qu'elle abandonne.

Pendant ce temps là je suis monté et j'ai fait un peu de mania pour prendre le taxi en main. C'est un veau, comme je l'ai déjà expliqué.

Je fais des décrochages tout sorti ( Aérofreins, train et volets ) pour voir si la vitesse d'approche des " Bouchons gras " ( Terme affectueux pour désigner les mécaniciens ) est bonne. C'est le cas.

Je décide de faire une petite séance de voltige. Comme je ne connais pas les vitesses de début des figures, je prends celles du T 33 et ça passe. Je fais toutes les figures que je connais. Je suis le Roi du pétrole ! On est immortel et on ne doute de rien à 20 ans.................................

Il y a 25 mn que je suis en l'air et je décide de me poser. Je m'annonce à la Tour, qui me répond et je continue à jouer celui qui ne comprend pas. A eux de se démerder pour me donner la priorité dans le circuit.

Je fais un premier tour et je remets les gaz juste avant l'arrondi pour m'assurer, une fois de plus, que la vitesse que j'ai affichée est la bonne. Tout se passe bien, je fais un circuit rapide et j'atterris sans difficulté. J'ai grandi de 20 centimètres, enfin, c'est l'impression que j'ai...................

Le mécano de piste me montre comment arrêter le moteur.

Au parking, je préviens les radios que je vais mettre la " boite à étincelles " HS ( Hors Service ), sur la forme prévue, mais qu'en réalité elle marche " Deuxpeccables ", mais " CHUT........ ". Ils comprennent à demi-mot. J'en serai quitte pour une caisse de bière.

A ma grande surprise et à mon grand soulagement, car je m'attends à une solide explication de gravures, personne ne me parle de rien à l'Escadron. On me fait signer, fissa, des papiers comme quoi je connais la machine et c'est tout.

J'apprendrai, plus tard, que ça faisait partie du bizutage et qu'il y avait eu un malentendu avec la Tour, qui aurait dû me faire revenir au parking sans me donner l'autorisation de décoller.

Tout l'Escadron attendait sur le parking pour admirer ma tête déconfite de n'avoir fait que du roulage et faire des commentaires aussi désagréables que méprisants sur la façon de rouler et de parker le taxi des jeunes connards formés aux US et, plus particulièrement, sur la mienne.

Quand ils m'ont vu m'aligner et entendu mettre plein gaz, il y a eu un coup de fil affolé à la Tour. Il paraît que le Vieux bouffait sa casquette en se disant que, si ça se passait mal et que je casse la brouette, il aurait des ennuis. Bref, il s'est fait plus de bile que moi.

Du coup, on me donne le Manuel et la checklist dans lesquels je me plonge illico. Je fais 1 heure de cabine à tripoter les manettes, boutons, etc. dans le bon sens et à répéter jusqu'à plus soif les actions vitales en cas de panne.

Le soir, je rebouquine tout ça, de 19 heures à minuit, jusqu'à ce que je puisse dessiner de tête les différents circuits de l'avion et réciter par coeur les actions vitales.

Le lendemain matin, je me lève à 6 heures pour repotasser le total et à 8 heures je fonce refaire de la cabine, les yeux bandés, parce que je tiens à être fin prêt pour le vol suivant. Du coup j'ai oublié le petit déjeûner.

Normalement, j'aurais dû faire tout celà avant mon premier vol.

Après la rigueur de l'école aux USA, je me dis que L'Armée de l'Air est le joyeux merdier Gaulois bien connu.

Quand aux 4 METEOR j'apprendrai, plusieurs jours après, qu'ils font partie de l'Escadre de Chasse Belge de CHIEVRES, que leur patron est un vieux copain de guerre de Jaco Leader, et qu'ils s'amusent à nous coxer au décollage ou à l'atterro quand ça leur plaît. De notre côté, nous leur rendons la pareille avec usure.

Ils avaient, paraît-il, été commandés spécialement pour me faire un passage triomphant au ras de la tête, pendant que je remonterais lamentablement la piste pour rentrer au parking, afin de m'humilier un peu plus. Ils ont dû être très surpris de me voir décoller.

Pour l'instant, j'ignore toujours qu'on me bizute et mon opinion de l'Escadron n'est pas flatteuse.

En fait, le bizutage n'est pas terminé. Il se poursuivra le lendemain.

Page suivante, fin de mon accueil à la 12

12ECFRANCE PLAN DU SITE 12ECOURAGAN-4

Mon E-mail : pluhaut@aol.com