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RETOUR EN FRANCE
QUELQUES JOURS A NEW-YORK
VOYAGE SUR LE PAQUEBOT " ILE DE FRANCE "
AFFECTATION EN ESCADRE DE CHASSE
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QUELQUES JOURS A NEW-YORK :
Nous arrivons le 19 Juin 1954 à NEW-YORK et notre paquebot, l'ILE DE FRANCE, partant le 25 nous avons 5 jours pour visiter la ville.
Nous allons au sommet de l'EMPIRE STATE BUILDING, visitons les quartiers Italiens, Chinatown, etc. On peut faire le tour du monde des moeurs et de la cuisine sans sortir de la ville.
Il y a des quartiers très pittoresques et d'autres d'une pauvreté pitoyable. Certains sont très beaux et très agréables et, juste à côté on en trouve d'un modernisme outrancier vraiment très laid.
Le luxe le plus débridé côtoie la pire des misères. Les sans-abri sont légions.
Le métro de NEW YORK est d'une saleté repoussante. Pour un peu on mettrait une combinaison de mécano et des bottes en caoutchouc pour le prendre. En plus il est plein d'ivrognes qui importunent les voyageurs et il y a des loubards dont il vaut mieux se méfier. Dans l'ensemble les voyageurs, pâles, les traits tirés et les yeux dans le vague ont l'air de vrais zombis. Pas du tout les gars pétant de santé du TEXAS et de l'ARIZONA.
35 ans plus tard, je reprendrai le métro à PARIS. Ce n'est plus celui de ma jeunesse. Je me retrouve dans une imitation parfaite de celui que j'ai vu à NEW YORK. même saleté, même personnages. Pas de problème, c'est le progrès et on ne l'arrête pas. On refait toutes les conneries des Ricains avec une génération de décalage.
Quand à la ville, on nous a construit des horreurs du type BEAUBOURG, la PYRAMIDE du LOUVRE, les Tours de la DEFENSE, etc.
Retour à NEW YORK. Il fait très chaud et l'air pue les gaz d'échappement et les ordures avariées. Les gars du coin ne s'en rendent pas compte mais quand on vient de l'Ouest Lointain c'est désagréable.
Jean-Claude, Jean-François, Papa et moi faisons une cure de cuisine étrangère dans les différents quartiers et, grand luxe, nous allons manger dans un restaurant Français où nous dégustons du vrai pain de chez nous, le premier depuis 18 mois. Nous nous ruinons pour offrir à Papa une bonne bouteille de vrai BORDEAUX, ( Qui ne porte pas la mention " Véritable Bordeaux de Californie, se méfier des contrefaçons Françaises ". ) qu'il liquidera avec un air extasié qui fait plaisir à voir et nous vaudra quelques anecdotes croustillantes sur la vie militaire en FRANCE.
Il y a une quantité de Musées que j'aimerais visiter mais les copains ne sont pas fanas du tout.
Dans l'ensemble, le NEW YORK de 1954 est une ville très prenante et intéressante à visiter mais pour rien au monde je ne voudrais y vivre de façon permanente.
VOYAGE SUR LE PAQUEBOT " ILE-DE-FRANCE ":
Il fut lancé à SAINT-NAZAIRE le 14 Mars 1926 par les ATELIERS ET CHANTIERS DE FRANCE.
Il a été en service à la COMPAGNIE GENERALE TRANSATLANTIQUE de 1927 à 1959.
C'était un magnifique paquebot :
Longueur = 241 mètres,
Largeur = 28 mètres,
Jauge brute = 42 250 tonnes,
Puissance = 55 000 chevaux,
Vitesse = 23 noeuds ( 42,596 km/h ),
Il pouvait transporter 1550 passagers.
Nous quittons NEW-YORK le 25 Juin pour débarquer au HAVRE le 01 Juillet 1954.
En déduisant embarquement, débarquement, sortie et arrivée au port, nous passons 5 jours inoubliables en mer. Nous nous amusons autant qu'à l'aller, sur le LIBERTE qui appartient à la même Compagnie.
Nous étions 102, au départ de FRANCE et nous ne sommes plus que 24 au retour. Il y a moins de concurrence auprès des Dames.
Les filles sont jolies et sympas, la nourriture délicieuse et le vin excellent. L'air de la mer est vivifiant.
Tout le personnel est aux petits soins avec nous et l'on sent que ce n'est pas uniquement commercial. Ces gens sont aussi fiers de leur métier que nous le sommes du nôtre et ils parlent de " Notre Compagnie " comme d'une grande famille. Bref, la COMPAGNIE GENERALE TRANSATLANTIQUE est une INSTITUTION qui fournit un service parfait avec une gentillesse aussi naturelle qu'inoubliable ce qui est d'autant plus méritoire que tout le monde sait que nous n'avons pas les moyens de laisser de somptueux pourboires.
Si j'en avais eu les moyens je me serais offert une croisière sur un de leur paquebot, chaque année.
C'était vraiment autre chose que de s'emmerder dans une bétaillère volante pendant des heures, vissé à son siège, à regarder des films stupides pour passer le temps, en mangeant une nourriture insipide, à boire du pinard bas de gamme, à respirer de l'air en conserve et, pour beaucoup, à crever de frousse que l'engin s'écrase au sol ou n'explose en vol. Faut vraiment être maso...... Enfin, quand on n'a pas connu autre chose......
En plus, sur un paquebot, on avait le temps de s'habituer au décalage horaire et on passait 5 jours à s'amuser et à se lier avec des inconnus de tous les pays du monde. Une expérience inoubliable !
En fin de compte, les vraies vacances se passaient pendant le voyage aller-retour.
Hélas, les meilleures choses ont une fin et puis nous avons hâte de retrouver nos familles dont nous sommes séparés depuis 18 mois.
AFFECTATION EN ESCADRE DE CHASSE :
Arrivés à PARIS, nous sommes convoqués au Bureau du Personnel Navigant du Ministère de l'Air pour recevoir nos affectations.
Nous devons passer dans l'ordre de notre classement.
Les trois premiers passent, 6 à 7 minutes chacun dans le bureau, pendant que je m'inquiète de la façon dont mon refus de devenir officier va être reçu.
Mon tour arrive. Surprise, un autre est appelé à ma place !
Je suis appelé le septième. A peine entré dans le bureau un colonel me saute dessus pour me serrer la main << CHEVILLET, vous êtes le premier des sous-officiers, félicitations, vous avez le droit de choisir votre affectation.
- Mon colonel, je voudrais aller sur Mystère IV A
- Les premiers arriveront à CAMBRAI dans moins d'un an. Je vous affecte à la 12° Escadre de Chasse. Vous pouvez disposer. >>.
Durée de mon séjour dans le bureau, moins de 45 secondes.
Il ne m'a donné aucune explication sur mon déclassement de ma place de 4° à celle de 7° et vu la vitesse à laquelle il m'a expédié il ne désirait visiblement pas que je lui en demande.
Dans un sens, ça m'arrange bien. J'ai ce que je voulais sans avoir dû exprimer un refus qu'il aurait, très certainement, mal pris et je vais pouvoir voler sur les tous premiers Mystère IV A, le super avion de chasse Français de l'époque, LA BEEEETE !
J'attends Jean-Claude et Jean-François qui sont eux aussi, à notre grande joie, affectés à la 12° E/C.
Tout le monde est content cependant, j'aurais bien aimé qu'on m'explique le pourquoi de mon déclassement mais, comme " Chercher à comprendre c'est commencer à désobéir ".....
Ensuite, une permission et la joie de retrouver famille et amis après cette longue séparation, avec plein de choses à se raconter.
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Mon e-Mail : pluhaut@aol.com